Renault 4CV (1947-1961) |
lundi 30 novembre 2015
lundi 26 octobre 2015
samedi 26 septembre 2015
Du style automobile
Voilà l’automne. J’aime cette saison silencieuse et rousse, parfumée et douce. Dans les campagnes, la nature
fatiguée s’endort. La lumière dorée, qu’exhale un soleil froid et faible,
invite alors au souvenir. Le passé, pour un temps, passe devant. Beauté d’une
saison où seules fleurissent les tombes de nos cimetières.
Si j’évoque cette jolie saison, c’est en réalité pour parler
chiffons. L’automne et ses nuances nous invitent à l’élégance. Nombreux sont
les thèmes – sports, loisirs… – qui pourront influencer nos tenues ces
prochains mois. Et si, cette saison, l’automobile pénétrait notre vestiaire ?
Pour donner à notre tenue un parfum d’essence et de cuir de
sellerie, les moyens sont multiples. Les clichés suivants, que j’ai collectés
ces derniers mois, offriront je l’espère une bonne source
d’inspiration :
Colin Chapman (à gauche - 1967) |
Steve McQueen, Le Mans (1971) |
Steve McQueen, encore... |
Ralph Lauren et sa Jaguar XKSS |
Guy Marchand et sa Peugeot 504 Cabriolet |
Qu’ont en commun les tenues de ces pilotes ou
passionnés ? En quoi l’automobile les a modelées ?
Ces mises, si différentes soient-elles, obéissent tout d’abord à l’impératif de confort. Il ne s’agit pas au volant
d’être gêné par ses vêtements. Voyez d’ailleurs comme sur ces clichés, nos gentlemen drivers semblent bien dans
les leurs. L’impression nous vient autant des matières (laine, daim…) que des
coupes, plutôt amples. Souvenons-nous à ce titre des pantalons que portaient
les pilotes automobiles dans les années 50 :
Wolfgang von Trips (1958) |
Adopter un style d’inspiration automobile suggère aussi de recourir à des pièces caractéristiques, comme le blouson. Là encore, c’est l’exigence de confort qui justifie son
usage, se révélant le seul pardessus adapté à la position de conduite, lui qui,
contrairement au manteau, ne couvre pas le fessier et reste plus solide et
docile qu’une veste. Le col roulé, vous
l’avez remarqué, est également un dénominateur commun des tenues que j’ai sélectionnées.
La raison
nous vient de la combinaison du pilote, en dessous de laquelle figurait
un vêtement ignifugé à col roulé, protégeant le cou en cas d’incendie :
Le très poseur Jacky Ickx (1983) |
Cette dernière photo me permet d’embrayer sur un autre trait de ce
style d’inspiration automobile : l’usage localisé de couleurs vives et de motifs.
Tenons pour responsables ces mêmes combinaisons, qui en plus d’arborer les
couleurs de leur écurie, sont de véritables panneaux publicitaires :
Helmut Marko et Niki Lauda (1971 ou 1972) |
Autre point commun : le recours fréquent aux accessoires : la montre, ou plutôt
le chronographe, nécessaire instrument de bord ; les gants de conduite, en
cuir fin – pour l’agilité – et perforé – pour respirer ; les lunettes de
soleil, larges et sombres, héritières des lunettes de conduite ; la
casquette, qui maintient la chevelure et protège du soleil l’aficionado des cabriolets.
Les chaussures
ne sont pas ou peu visibles sur les clichés choisis. Historiquement, la
chaussure du pilote est légèrement montante – pour maintenir la cheville – et sa semelle
relativement plate – pour épouser la forme des pédales. On peut donc soupçonner
nos sujets d’avoir aux pieds des bottines à talon bas, comme celles que porte Wolfgang von Trips avec son large pantalon.
Matières épaisses, blouson, col roulé,
accessoires… Ce style automobile,
héritier de la tenue du pilote, n’aime décidément pas la peau. L’adopter, c’est
se couvrir. Voilà qui tombe bien : c’est l’automne.
Steve McQueen, toujours... |
jeudi 3 septembre 2015
vendredi 7 août 2015
Heure d'été
jeudi 25 juin 2015
Le charme des années
Il y a quelques jours, je conduisais sur les routes sinueuses
de Haute-Normandie quand mon œil s’est arrêté
sur une BMW Z3, garée dans un petit village :
BMW Z3 (1995) |
Je ne croise pas souvent cette voiture. Je me souviens que durant
ses années de production, entre 1995 et 2003, je n’en avais pas une très bonne
opinion. Ce roadster – cabriolet sportif à deux places – était alors pour moi la
voiture du jeune financier célibataire qui, derrière ses lunettes noires,
n’espérait pas tant voir que d’être vu. La stratégie publicitaire de BMW allait
d’ailleurs dans ce sens ; voiture de James Bond dans Goldeneye, la Z3 ne s’adressait pas à n’importe qui.
Le temps a passé. Vingt ans plus tard, la Z3 n’est plus
récente, plus flamboyante, plus rutilante. Le « road-monster » s’est
fait voler son masque de monstre, son allure féline et ses performances par sa
descendance :
BMW Z4 (2009) |
Un peu comme ces anciennes gloires qui fuient les
projecteurs qu’autrefois elles chérissaient, la Z3 a cédé sa place. À
côté de sa fille, la petite sportive, avec ses phares horizontaux et son
arrière joufflu, est maintenant ce qu’elle n’était pas à l’époque : amicale,
charmante. Le flambeur, logiquement, l’a revendue ; et c’est aujourd’hui
dans un village de pêcheurs cauchois que je la retrouve. Appréciée par un moins
grand nombre, mais sûrement appréciée davantage.
BMW Z3 (1995) |
Nous sommes des êtres vivants. Avec le temps, nos caractères
changent, nos traits aussi. Nous évoluons, nous vieillissons. Les voitures,
comme d’autres objets, sont épargnées de ces mutations ; ni leurs courbes
ni leurs performances ne sont fatalement affectées par les années. Et pourtant,
sans changer, elles changent.
dimanche 17 mai 2015
Le Grand Prix de Monaco
Il est de bon ton de critiquer ce
qu’est devenue la Formule 1. La discipline a en effet souffert ces
dernières années d’un cruel manque de concurrence dans la course
au titre. Chose inhérente au sport mais accentuée par le niveau de
plus en plus élevé de l’ensemble des pilotes, ce sont
essentiellement les écuries - dont les performances sont presque
devenues fonction des investissements financiers - qui déterminent
un classement général de plus en plus prévisible. Pour endiguer le
phénomène, la FIA complique chaque année un peu plus son
règlement, rendant ainsi bien artificiel le peu de spectacle qui
anime des circuits affadis par les normes de sécurité.
L’omniprésence des sponsors et le son d’aspirateur-sans-sac du
nouveau moteur V6 ont fini d’achever l’esthétique du sport.
Il est néanmoins un Grand Prix qui
résiste - un peu - mieux que les autres à cette triste évolution :
Le Grand Prix de Monaco.
Grand Prix de Monaco 2012 |
L’épreuve, née en 1929, figure au
calendrier du championnat du monde de Formule 1 depuis 1950. Sa
particularité - faut-il le rappeler ? - est d’emprunter
exclusivement, le temps d’un week-end, les rues étroites et
sinueuses de la Principauté. De par ce cadre unique et sa riche
histoire, l’épreuve est ainsi communément considérée comme
l’une des trois plus prestigieuses courses automobiles au monde.
Comme, je pense, une majorité de mes
lecteurs, je n’ai jamais vu le Grand Prix de Monaco que depuis ma
télévision. Il fait pourtant partie pour moi de ces événements
sportifs perpétuels et intemporels qui chaque année signent le
retour des beaux jours et la fin de l’année scolaire, comme Roland
Garros ou, plus tard, le Tour de France. « Tiens, ce week-end,
c’est le Grand Prix de Monaco » peut-on entendre jusque dans
la bouche de quelqu’un peu gourmand de sport. Je me souviens de ces
dimanches ensoleillés où, après le déjeuner familial, le cri
strident des voitures, dans la pièce voisine, se mêlait aux odeurs
du café et des biscuits.
En cherchant une vidéo pour illustrer
l’atmosphère de cette course, je suis tombé sur une publicité de
la banque UBS sur l’articulation du risque et du succès. Celle-ci
met en scène l’ancien pilote David Coulthard qui, au volant de sa
ravissante Mercedes 280 SL, retrace le circuit sur lequel il s’est
imposé à deux reprises :
Cette petite séquence me dispense de
rédiger le paragraphe auquel j’avais pensé sur l’esprit du
lieu. La - très belle - réalisation est à ce titre astucieuse ;
en parcourant lentement le circuit, toujours ouvert à la
circulation, comme assis sur le siège passager, on touche, au plus
près, à l’extraordinaire dualité du site que le pilote évoque
en début de vidéo. Son propos, qui s’inscrit pourtant dans le
cadre publicitaire, touche d’ailleurs par sa sincérité : son
respect pour le lieu et la joie qu’ont pu lui procurer ses deux
victoires sont palpables. On devine une complicité entre ces rues et
le pilote que nous, depuis notre fauteuil de spectateur, ne pouvons
qu’entrevoir.
Cette promenade nous rappelle enfin et
surtout que derrière les sponsors criards et les yachts de
milliardaires étrangers, il reste quelque chose d’intemporel.
Grand Prix de Monaco 1968 |
Dimanche prochain, c’est le Grand
Prix de Monaco. Le regarderai-je ? Je ne pense pas, pour les
raisons invoquées en introduction. Ou alors quelques minutes.
Simplement pour me rappeler avec satisfaction que même si les années
passent, certaines choses demeurent.
samedi 18 avril 2015
L'Espace et le Temps
C’est toujours avec intérêt que je découvre les spots
publicitaires des grandes marques automobiles, qui rivalisent d’inventivité
pour tirer leur épingle d’un jeu de plus en plus concurrentiel.
Cette semaine, Renault a lancé la campagne de promotion de l'Espace V, sur lequel j’avais planché il y a quelques mois. Le spot
internet, "Le temps vous appartient", signé Publicis, a particulièrement retenu mon attention :
Au-delà de l’idée et de la réalisation, astucieuses, c’est l’atmosphère de la
publicité qui m’a plu. La création d’une ambiance est, il est vrai, une arme
souvent privilégiée des concepteurs de publicités automobiles. Mais l’arme en
question, cette fois-ci, est de velours ; aussi tendre que le fauteuil dans
lequel est assis Kevin Spacey. Son efficacité doit, je le crois, beaucoup à la
musique, qui enveloppe l’image comme une brume légère. Les nappes de violon et
le discret piano nous emmènent successivement dans des directions aussi variées
que le parcours de l’acteur – et du véhicule qu’il conduit. L’image, claire et
silencieuse, ajoute au mystère.
J’aime aussi particulièrement l’idée sous-jacente ; la
vie est mouvementée, parfois tourmentée, mais une fois seul, dans ma voiture, « this time is mine ». Le sentiment
de quiétude dans le nouvel Espace en découle naturellement.
Souhaitons maintenant que le - pas si petit - dernier de la famille Espace rencontre un succès digne d’une si belle promotion !
dimanche 15 mars 2015
Les affiches officielles des 24 Heures du Mans
Certains auront noté à travers mes précédents billets mon
intérêt pour la course automobile. Les plus attentifs auront peut-être même
remarqué que dans le vaste monde du sport auto, l’endurance avait ma
préférence ; c’est que, depuis mon plus jeune âge, je me rends chaque
année, et avec autant de plaisir, aux 24 Heures du Mans.
L’événement, né en 1923, est considéré comme l’une des trois
plus prestigieuses courses automobiles au monde, avec le Grand Prix de Monaco
et les 500 Miles d’Indianapolis. Pour les besoins de la promotion, les
organisateurs éditent chaque année une affiche officielle. Nombreux sont les passionnés qui les collectionnent ; j’ai moi-même un tiroir
dans lequel en reposent une dizaine. Elles sont, il faut l’avouer, inégalement
réussies. Depuis quelques années, elles me déçoivent particulièrement ; criardes, racoleuses, elles en sont presque devenues vulgaires. C’est néanmoins avec
attention que j’ai suivi le dévoilement de l’affiche officielle de 2015, il y a
trois semaines. Peut-être serait-elle plus réussie ? Je vous laisse constater l'étendue du désastre :
Que tant de noms de constructeurs et partenaires soient mis en évidence n’est pas le problème ; il s’agit d’une affiche
commerciale. Mais pourquoi ces fausses traînées de vitesse ? Pourquoi
cette carte du monde au second plan ? Et pourquoi cette énorme accroche
vide de sens ? Au-delà du mépris esthétique, il y a un côté « tabula
rasa » et « open to the world » qui sent la niaiserie. Le Mans a
pourtant beaucoup à faire valoir. Son histoire de près d’un siècle, ses virages sur fond de campagne sarthoise, ou encore cette atmosphère qui enveloppe les stands
à la tombée de la nuit auraient pu, je le pense, mieux inspirer les concepteurs
de cette affiche.
Revenons en arrière. J’aime beaucoup l’affiche de la
première édition :
La police de caractère, le programme de l’événement, ou
encore le choix du dessin type « bande dessinée » ; tout sent les années
folles. On entendrait presque, à la lecture de ces lignes, l’intonation et
la voix nasillarde des présentateurs radio de l’époque. L'illustration me plaît également beaucoup ; en représentant la calme nuit
sarthoise percée par la furie des bolides, les dessinateurs, avant même la
première édition, avaient saisi l’essence du Mans. La formule fut ainsi déclinée
les trois années suivantes :
Impossible de mettre la main sur des affiches pour les décennies 30 et
40. Une grande grève dans l’industrie automobile en 1936 et la Guerre ont
certes privé le public de dix éditions, mais pour les autres, je crois pouvoir
conclure de mes recherches qu’elles ne furent pas promues de cette manière.
Nous voilà donc en 1951. L’affiche officielle, assez
fantaisiste, met pour la première fois en scène le Pneu Dunlop, véritable
emblème du circuit, qui sera le théâtre de bien d’autres affiches :
Les affiches de 1954 et 1955, malgré un petit côté art soviétique, sont, je trouve, très réussies :
La couleur – la vraie – s’invita en 1956 avec l’aquarelle,
technique picturale qui entretiendra dès lors une relation privilégiée avec le
sport automobile :
Entre ces deux jolies affiches, celle de 1957, très
curieuse, fait un peu tache. Consolons-nous en nous rappelant que dans le sport
automobile, les sorties de pistes sont inévitables :
J’ai parlé il y a quelques semaines de l’élégance du pilote.
J’aurais pu également illustrer mon propos par l’affiche de 1959 qui reste, à
mes yeux la plus réussie de l’Histoire du Mans :
Le moment du départ fut lui aussi choisi pour illustrer l’affiche
de 1960, mais, pour la première fois, en photo. Notez au passage la proximité
du public avec les voitures, impensable aujourd’hui :
L’aquarelle revint en 1961 sur ces trois affiches que je classerais également parmi mes favorites, au second plan desquelles sont représentés les pins qui bordent
encore aujourd’hui le circuit :
La photographie s’imposa dans les affiches officielles à
partir de 1964. Elles gagnèrent alors en réalisme ce qu’elles perdaient en
énergie et fantaisie :
Le circuit fut légèrement modifié 1972. Pour le faire
savoir, il y avait sûrement mieux à faire que de réaliser cette affiche :
L’idée du dessin fut reprise par la suite dans un style
typiquement années 70 qui ne manque pas d’intérêt :
Durant les années 80 et 90, un nouveau type d’affiche s’imposa, celui du « portrait » d’une ou deux voitures. L’idée, venant à une époque où les celles-ci n’étaient plus aussi belles, fut assez mal exploitée, et donna des affiches sans grand caractère :
La dernière des affiches "portrait" date de 2000. Plus énigmatique, à l'accroche discrète et pertinente, elle fut plus réussie que ses aînées :
Dans un autre style, j'aime aussi particulièrement celle de 2001 :
Cette dernière préfigurait-elle l’affiche du XXIème
siècle ? La même Bentley nous emmena pourtant dès 2002 dans une direction
inattendue. Leur logo grossis et leur image saturée en couleurs et reflets,
les affiches prirent alors un côté « jeu vidéo » qui, je le crains,
vieillira assez mal :
Je ne pouvais pas ne pas m’arrêter sur l’affiche de 2008,
représentant le combat légendaire entre Peugeot et Audi, entre les bleus et les
rouges, entre la vaillance française et la rigueur germanique. Notez
l’astucieux reflet nocturne en bas de l’image :
Nous voilà en 2010. L’affiche officielle entrait alors dans
la ligne droite qui la mènerait vers celle que j’ai présentée en
introduction. Image sans équilibre, accroche vide de sens, seconds plans hors
sujet… Le souci esthétique a définitivement déserté le cahier des charges :
Que l'on aborde en société la question automobile et se font systématiquement entendre des regrets. J'essaye comme je peux, sur ce blog, de ne pas tomber dans ce travers. Mais sur le sujet que j'ai choisi aujourd'hui, je dois bien reconnaître qu'une fois de plus, c'était mieux avant.
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