dimanche 17 mai 2015

Le Grand Prix de Monaco

Il est de bon ton de critiquer ce qu’est devenue la Formule 1. La discipline a en effet souffert ces dernières années d’un cruel manque de concurrence dans la course au titre. Chose inhérente au sport mais accentuée par le niveau de plus en plus élevé de l’ensemble des pilotes, ce sont essentiellement les écuries - dont les performances sont presque devenues fonction des investissements financiers - qui déterminent un classement général de plus en plus prévisible. Pour endiguer le phénomène, la FIA complique chaque année un peu plus son règlement, rendant ainsi bien artificiel le peu de spectacle qui anime des circuits affadis par les normes de sécurité. L’omniprésence des sponsors et le son d’aspirateur-sans-sac du nouveau moteur V6 ont fini d’achever l’esthétique du sport.

Il est néanmoins un Grand Prix qui résiste - un peu - mieux que les autres à cette triste évolution : Le Grand Prix de Monaco.  

Grand Prix de Monaco 2012
Grand Prix de Monaco 2012

L’épreuve, née en 1929, figure au calendrier du championnat du monde de Formule 1 depuis 1950. Sa particularité - faut-il le rappeler ? - est d’emprunter exclusivement, le temps d’un week-end, les rues étroites et sinueuses de la Principauté. De par ce cadre unique et sa riche histoire, l’épreuve est ainsi communément considérée comme l’une des trois plus prestigieuses courses automobiles au monde.  

Comme, je pense, une majorité de mes lecteurs, je n’ai jamais vu le Grand Prix de Monaco que depuis ma télévision. Il fait pourtant partie pour moi de ces événements sportifs perpétuels et intemporels qui chaque année signent le retour des beaux jours et la fin de l’année scolaire, comme Roland Garros ou, plus tard, le Tour de France. « Tiens, ce week-end, c’est le Grand Prix de Monaco » peut-on entendre jusque dans la bouche de quelqu’un peu gourmand de sport. Je me souviens de ces dimanches ensoleillés où, après le déjeuner familial, le cri strident des voitures, dans la pièce voisine, se mêlait aux odeurs du café et des biscuits.

En cherchant une vidéo pour illustrer l’atmosphère de cette course, je suis tombé sur une publicité de la banque UBS sur l’articulation du risque et du succès. Celle-ci met en scène l’ancien pilote David Coulthard qui, au volant de sa ravissante Mercedes 280 SL, retrace le circuit sur lequel il s’est imposé à deux reprises :


Cette petite séquence me dispense de rédiger le paragraphe auquel j’avais pensé sur l’esprit du lieu. La - très belle - réalisation est à ce titre astucieuse ; en parcourant lentement le circuit, toujours ouvert à la circulation, comme assis sur le siège passager, on touche, au plus près, à l’extraordinaire dualité du site que le pilote évoque en début de vidéo. Son propos, qui s’inscrit pourtant dans le cadre publicitaire, touche d’ailleurs par sa sincérité : son respect pour le lieu et la joie qu’ont pu lui procurer ses deux victoires sont palpables. On devine une complicité entre ces rues et le pilote que nous, depuis notre fauteuil de spectateur, ne pouvons qu’entrevoir.

Cette promenade nous rappelle enfin et surtout que derrière les sponsors criards et les yachts de milliardaires étrangers, il reste quelque chose d’intemporel.

Grand Prix de Monaco 1968
Grand Prix de Monaco 1968

Dimanche prochain, c’est le Grand Prix de Monaco. Le regarderai-je ? Je ne pense pas, pour les raisons invoquées en introduction. Ou alors quelques minutes. Simplement pour me rappeler avec satisfaction que même si les années passent, certaines choses demeurent.  

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