jeudi 18 décembre 2014

L'image de la semaine

Pour cette dernière image de l’année, il me fallait célébrer la "magie" de Noël. Je vous propose donc aujourd'hui la Flying DS de l’artiste suédois Jacob Munkhammar :

Flying Citroën DS

 La "Flying Citroën DS" de Jacob Munkhammar


L'époque est propice aux bilans ; ce blog fêtera bientôt ses deux mois, et déjà un - petit - lectorat s'est formé. Je tiens donc à vous remercier et vous invite à réagir davantage ; il est toujours bon d'avoir des retours, aussi divers soient-ils !

L'esthétique automobile reviendra début janvier. Je vous souhaite donc de très heureuses fêtes !

jeudi 11 décembre 2014

L'image de la semaine

Bentley Continental GT 2009
Bentley Continental GT (2009) - Source : www.topcarrating.com

L'Auto selon Cloclo

Il y a quelques semaines, pour égayer une longue journée pluvieuse, j’ai regardé Cloclo, de Florent Emilio Siri, qui m’a plusieurs fois été conseillé depuis sa sortie en 2012. Le film - que j’ai par ailleurs trouvé très réussi - réjouira les amateurs de belles autos, intelligemment choisies et mises en valeur.

Je vous propose donc aujourd’hui de faire un simple - mais j’espère instructif - inventaire des nombreux modèles mis à l’écran, en essayant toutefois de replacer leur apparition dans leur contexte. 

Le film s’ouvre en Egypte, où naquit et grandit Claude François dans les années 40. On y découvre son père, Aimé François, au volant d’une Auburn 852 Speedster, signant le statut social d’un chef du trafic du Canal de Suez :  

Auburn 852 Speedster
Auburn 852 Speedster (1936)

Expulsée d’Egypte en 1956, la famille François s’installe à Monaco. L’occasion de jolis plans ensoleillés : 

Renault 4CV ; Citroën Traction Avant 11B
Renault 4CV (1955) et Citroën Traction Avant 11B (1953)
Ford Thunderbird 1957
Ford Thunderbird (1957) 
Jaguar XK 140 ; Porsche 718 RSK Spyder
Jaguar XK 140 (1955) et Porsche 718 RSK Spyder (1957)

Fasciné par celle qu’on appelait encore « l’Amérique » et par ses crooners, le jeune Claude, alors percussionniste, s’achète comme première voiture la colossale Chrysler Windsor :
  
Chrysler Windsor 1946
Chrysler Windsor (1946)

En 1961, Claude François, alors âgé de 22 ans, déménage à Paris dans l’espoir de lancer sa carrière de chanteur. Comme très souvent dans le film, la scène est introduite par un plan sur une voiture s’arrêtant. C’est ici une Peugeot 404, arrivant aux pieds de la Tour Eiffel, qui ouvre cette première scène parisienne : 

Peugeot 404
Peugeot 404 (1960)

Sur ce plan qui évoque le Nighthawks d'Edward Hopper, une Opel Kapitan, garée derrière une Peugeot 404 : 

Peugeot 404 ; Opel Kapitan
Peugeot 404 (1960) et Opel Kapitan (1960)

Un an plus tard, le succès de Belles ! Belles ! Belles ! lance définitivement la carrière de Claude François. Ne cachant pas son goût pour les voitures de luxe, il commence par s’offrir cette superbe Ferrari 250 GTE :  

Ferrari 250 GTE
Ferrari 250 GTE (1960) - Avant
Ferrari 250 GTE
Ferrari 250 GTE (1960) - Arrière

Au passage, la tenue de "Claude" - puisque c’est ainsi qu’il faut l’appeler - m’amuse. Excessivement soignée et spécifiquement étudiée, je la trouverais presque insolente. Je reviendrai dans un prochain billet sur « le style automobile ». 

Sur le plan suivant, l’interminable Mercedes-Benz 600, offerte par Claude à sa mère :

Mercedes-Benz 600 1963
Mercedes-Benz 600 (1963)

En ouverture de la scène suivante, cette Mercury Cougar, également acquise par Claude François :

Mercury Cougar 1967
Mercury Cougar (1967)

Quelques secondes plus tard, sur le parking : une Ghia 1500 GT rouge, deux Peugeot 404 et un Renault Goélette : 

Ghia 1500 GT ; Peugeot 404 ; Renault Goélette
 Ghia 1500 GT (1962), Peugeot 404 et Renault Goélette

Plus tard, encore en ouverture de scène, on retrouve Claude François descendant d’une Opel Kapitan  - garée ici à côté d’une Volvo 121- et, un peu plus loin, d’une Ford Thunderbird :   

Volvo 121 ; Opel Kapitan
Volvo 121 (1965) et Opel Kapitan (1960)
Ford Thunderbird 1966
Ford Thunderbird (1966)

Les tournées s’enchaînent, les femmes se succèdent, et la collection de voitures de Claude s'agrandit . Nous sommes en 1967, et nous le retrouvons ici au volant d’une Ford Mustang, poursuivant sa future compagne Isabelle Forêt, au volant d’une Fiat 500 F : 

Ford Mustang 1967
Ford Mustang (1967)
Fiat 500 F
Fiat 500 F (1965)

Au passage, cette séquence témoigne de la grande qualité des décors du film ; sur ce long plan « caméra embarquée » qui s’étend sur trois rues, le paysage automobile, bien qu’au second plan, est reconstitué avec le plus grand soin.

A l’approche des années 70, les voitures de Claude, tout comme ses costumes, commencent à prendre des couleurs. Le voici ici au volant d’une Maserati Ghibli :

Maserati Ghibli 1967
Maserati Ghibli (1967)

Quelques scènes plus tard, le chanteur est victime - acteur ? - d’un malaise sur scène. Il est emmené à l’hôpital par la célèbre DS 19 ambulance :

Citroën DS 19 Ambulance
Citroën DS 19 Ambulance (1968)

Nous voici en 1972. Le style de Claude François a bien changé, mais son goût pour les voitures américaines est intact. Dans une succession de plans tournés sur le Boulevard Exelmans - dont la restitution m’impressionne -, nous le retrouvons à bord de cette Oldsmobile Cutlass Supreme :

Oldsmobile Cutlass Supreme 1972
Oldsmobile Cutlass Supreme (1972)

Un peu plus loin - et toujours en ouverture de scène - descendant de sa Cadillac Seville : 

Cadillac Seville 1976 ; Citroën DS 21
Cadillac Seville (1976) et Citroën DS 21 (1972)
Honda N600 et Cadillac Seville 1976
Honda N600 (1967) et Cadillac Seville (1976)

Tiens, n’est-ce pas une Mini Cooper actuelle que j’aperçois là-bas, garée dans le virage ? Si tel est le cas, on pardonnera bien sûr le responsable de cette insignifiante erreur.

C’est en revanche une authentique Mini d’époque - une Countryman MKII -  qui est à l'écran quelques scènes plus tard : 

Citroën DS 19 ; Austin Mini Countryman MKII
Citroën DS 19 (1959) et Austin Mini Countryman MKII (1968)

La scène de la perquisition - dont fut victime l'artiste-producteur en 1973 pour des soupçons de fraude fiscale - s’ouvre sur l’arrivée des huissiers dans une Renault 16. Juste devant, le Renault Estafette 800 du serrurier :

Renault 16 ; Renault Estafette 800
Renault 16 (1971) et Renault Estafette 800 (1973) 

Sur ce plan furtif, Claude descend d’une Lincoln Continental Mark IV :

Lincoln Continental Mark IV
Lincoln Continental Mark IV (1975)

Un peu plus loin, c’est à bord d’une anglaise qu’il monte ; une Daimler Sovereign Coupé :

Daimler Sovereign Coupé
Daimler Sovereign Coupé (1975)

Le 25 Juin 1977, au volant d’une Mercedes 450 SEL 6.9, Claude François fut pris en chasse – avant d’être pris pour cible - par une autre voiture pour une histoire de queue de poisson. Les malfaiteurs sont ici représentés à bord d’une Citroën CX : 

Citroën CX ; Mercedes 450 SEL 6.9
Citroën CX (1974) et Mercedes 450 SEL 6.9 (1975)

Sur ce plan, une Mercedes-Benz SLC :
  
Mercedes-Benz SLC 1973
Mercedes-Benz SLC (1973)

Sur celui-ci, deux Citroën, une GS et une SM : 

Citroën GS ; Citroën SM
Citroën GS (1971) et Citroën SM (1971)

Le 10 Mars 1978, Claude François s’éteint. Le film s’achève sur les images – réelles – de son enterrement. En son hommage, c’est un cortège de voitures américaines qui l’accompagne jusqu’au cimetière de Dannemois : 

Cadillac Coupé DeVille 1965
Cadillac Coupé DeVille (1965)

À mon tour de conclure. Après deux visionnages du film, je n’irai pas jusqu’à dire que l’automobile y occupe une place centrale – c’est bien de « Cloclo » qu’il s’agit –, mais elle y occupe une place de choix. Rarement évoquée, c’est pourtant elle qui ouvre une majorité des scènes, reliant ainsi les nombreux lieux où l’action s’établit. Elle contribue aussi à l’immersion presque palpable dans « les années Claude François », qui fait la force de ce film. Enfin, elle offre aux yeux des connaisseurs matière à contemplation ; il semble que pour Cloclo, les voitures aussi se devaient d’être « belles, belles, belles ». 

Crédits photos : www.kievrus.com.

jeudi 4 décembre 2014

L'image de la semaine

La Citroën Traction Avant a soufflé cette année ses quatre-vingt bougies. L'occasion de lui dédier cette Image de la semaine :

Citroën Traction Avant 11B Convertible

Citroën Traction Avant 11B Convertible (1939)

À la semaine prochaine !

 

jeudi 27 novembre 2014

L'image de la semaine

Lancia Flaminia Zagato Super Sport

Lancia Flaminia Zagato Super Sport (1967). Source : www.mycarheaven.com


De l'esthétique du rouge

La couleur n’a pas la cote. Un regard par la fenêtre le suggère, les statistiques le confirment. Selon Dupont, leader mondial de la peinture automobile, le gris, le noir et le blanc habillent 82% des véhicules vendus sur notre territoire. Que de joie, donc, dans le paysage automobile français. Choisi par seulement 6% des acheteurs, le rouge, dans ce grand ciel pluvieux, fait tache. Tentons, contre vents et marées, de lui redonner un peu d’éclat. 

Le rouge, c’est d’abord Ferrari. L’association nous vient du sport automobile. Jusqu’en 1968, date à laquelle la FIA autorisa les équipes à recourir au sponsoring extra-sportif, les voitures alignées en compétition devaient arborer leur couleur nationale : françaises en bleu, anglaises en vert, allemandes en argent, et italiennes en rouge. Si la plupart des écuries ont, par la suite, délaissé leur drapeau, la Scuderia Ferrari ne laissa jamais un sponsor imposer sa teinte. Tant que flotteraient les drapeaux à damiers, sa couleur serait le rouge, et le rouge sa couleur. Les modèles de série, proposés à partir de 1947, ne pouvaient alors que porter la même robe. 

Ferrari 250 GT LWB Berlinetta
Ferrari 250 GT LWB Berlinetta (1956). Source : coolerthanbefore.tumblr.com
Ferrari 308 GTS
Ferrari 308 GTS (1979). Source : www.turbo.fr
Ferrari California T
Ferrari California T (2014). Source : driving.ca
Sur les épaules de tels modèles, le rouge s’imposait comme couleur de la performance et du luxe. On le retrouva ainsi porté par d’autres marques prestigieuses, avec autant d’élégance. 

Mercedes 300 SL Gullwing
Mercedes 300 SL Gullwing (1955). Source : www.sportscardigest.com
Jaguar Type E série 1
Jaguar Type E série 1 (1965). Source : www.flashbackautomotivo.com
Aston Martin DBS
Aston Martin DBS (2008). Source : www.netcarshow.com
D’aucuns diront que le rouge fait « frime ». Dans le cas des exemples choisis ci-dessus, je crois que c’est un mauvais jugement. Le rouge n’est pas discret, c’est vrai. Mais ces modèles le sont-ils ? Ne remarque-t-on pas leurs courbes et leur bruit avant leur teinte ? S’il n’est pas indispensable, le rouge, justifié par la filiation sportive de ces modèles d’exception, est ici plus que bienvenu. Il est comme l’uniforme venant vêtir un certain grade.

En revanche, et pour ces mêmes raisons, il sera très malvenu sur ce que l'on pourrait appeler les "fausses sportives". Je pense entre autres à la Nissan 200SX. Ici, le rouge ne vient pas signer une ligne ou des performances d'exception, mais les feindre.

Nissan 200 SX S14
Nissan 200SX S14 (1994-1997). Source : www.caradisiac.com
Rouge, couleur réservée à l’élite, donc ? Il faudrait nécessairement s’appeler Ferrari, Jaguar ou Mercedes pour que soit déroulé… le tapis rouge ? Rassurons-nous, il existe, je crois, une seconde manière de (bien) le porter. Voyez les clichés suivants :

Peugeot 504 Coupé
Peugeot 504 Coupé (1975). Source : pasztorclassic.hu
Citroën 2CV 6
Citroën 2CV 6 Club
Mini Cooper S
Mini Cooper S (1991). Source : www.seriouswheels.com
Nous sommes ici bien loin des performances et du luxe cités plus haut. Pourtant, qui oserait assurer que cette couleur « ne leur va pas » ? A regarder ces modèles, me vient un qualificatif simplet, mais je crois éloquent : ces voitures sont mignonnes. Ici, le rouge est porté sans prétention, non comme uniforme, mais comme vêtement fantaisiste, un peu bohème. Un rouge enthousiaste, teinté de désinvolture, le même que celui que l’on retrouve parfois aux pieds des hommes libres et élégants.

Source : aparisiancyclist.blogspot.com
C’est avec cette touche de fantaisie que nous pouvons, je crois, faire rougir notre paysage automobile. Les publicitaires - qui, vous l’avez remarqué, ne portent que du noir -, ont ces dernières années initié le mouvement, en propulsant Fiat 500 et autres DS3 sur la piste rouge. Plus récemment, Renault choisissait le rouge pour promouvoir sa nouvelle Clio.  

Renault Clio 4
Renault Clio 4
Je ne sais pas si, comme dirait l’économiste, l’offre a créé sa propre demande, mais j’ai l’impression de voir plus de rouge, ces jours-ci. Publicitaires de tous pays, unissez-vous !

jeudi 20 novembre 2014

L'image de la semaine

L’annonce de la retraite sportive de Tom Kristensen, vainqueur à neuf reprises des 24 Heures du Mans, m’a donné l’idée de rendre hommage à son écurie, Audi Sport, avec cette très jolie photo de la R18 filant vers la nuit. 

Audi R18 TDI
Audi R18 TDI (2011) - Source : www.ausmotive.com
À la semaine prochaine !

jeudi 13 novembre 2014

mardi 11 novembre 2014

Que penser de la Tag Heuer Monaco ?

En 1969, Heuer, fabricant suisse, conçoit le premier modèle de chronographe mécanique à remontage automatique. Baptisé Monaco en honneur au célèbre Grand Prix - auquel je consacrerai un billet - , l’objet se distingue par son audace. À une époque où la norme est davantage aux formes rondes et au cadran clair, La Monaco - par ailleurs étanche - est habillée d’un grand boitier carré englobant un cadran bleu, blanc, et rouge. 

Heuer Monaco 1969
Edition 1969. Source : en.chronos24.pl 

Popularisée par Steve McQueen, qui la porte dans son film Le Mans (1971), la Monaco s’est imposée comme montre emblématique du sport automobile. Elle fut ainsi rééditée par Tag Heuer en différentes versions en 1998 et 2002, puis en 2009, pour son quarantième anniversaire. 

Tag Heuer Monaco 2009
Edition 2009. Source : Tag Heuer 

Cette nécessaire présentation faite, j’en viens à mon sujet : Que penser de la (Tag) Heuer Monaco ?

Les connaisseurs l’auront remarqué, je réduis la Monaco à un modèle – ce qu’elle était à l’origine – alors qu’elle est aujourd’hui une collection. Mais de la même manière qu’il n’est de Porsche que de Porsche 911, il n’est - selon moi - de Monaco que du modèle « McQueen » ; celui, donc, des photos que j’ai choisies.

Voyons ces mêmes photos. La Monaco, à première vue, est surprenante. Certains diront « bizarre ». Une chose est sûre, elle ne ressemble à aucune autre montre. Pourtant, la Monaco est - je le crois - cohérente. De par son cadran chargé de repères et complications aux formes géométriques, elle paraît ce qu’elle est : un instrument de bord. De par ses couleurs vives et contrastées, elle s’inscrit parfaitement dans l’imagerie de la course automobile, avec ses voitures aux teintes franches et ses marques emblématiques (voyez le célèbre cliché de Steve McQueen fermant sa combinaison). J’aime d’ailleurs beaucoup ce bleu métallique, apaisant, comme pour refroidir les chaudes aiguilles caracolant au rythme des tours. Tout comme j’aime le bleu pétrole du bracelet, qui donnerait presque à la Monaco l’enivrante odeur de l’essence.

La Monaco réussit l’exploit de réunir des formes et couleurs très originales en un ensemble qui, finalement, est harmonieux. Mais on ne saurait juger une montre qu’au poignet. Et une fois la boucle fermée, la Monaco déçoit. Large, et surtout très épaisse, elle ne saurait être portée par tout le monde. Contraintes techniques ou parti-pris du fabricant ? Quoi qu’en soit la raison, même aux poignets les plus forts, la Monaco est imposante. Trop pour un habillage déjà atypique. J’aime la provocation, l’audace. Mais l’élégance, c’est aussi la discrétion.

Pour conclure, une anecdote. J’étais il y a quelques semaines au rassemblement mensuel qu’organise le club Vincennes en Anciennes sur l’esplanade du Château – auquel je vous conseille vivement de faire un tour. Arrive alors une superbe Jaguar Type E. À son volant, un élégant, portant une Reverso sous un gant en pécari. 

Jaeger-LeCoultre Grande Reverso Duoface
Jaeger-LeCoultre Reverso. Source : www.horloger-paris.com

Ce n’est certes pas un chronographe, et encore moins un modèle fabriqué pour le sport automobile. Bref, une montre d’une toute autre famille. Il n’empêche que l’image eût été moins belle si cet homme avait porté une Monaco…

Mais, je le concède, le choix n’est pas qu’affaire de goût. Car si comme la Monaco, la Reverso est rectangle, son prix, lui, est plus… rond !