En
1969, Heuer, fabricant suisse, conçoit le premier modèle de chronographe
mécanique à remontage automatique. Baptisé Monaco en honneur au célèbre Grand
Prix - auquel je consacrerai un billet - , l’objet se distingue par son audace.
À une époque où la norme est davantage aux formes rondes et au cadran clair, La
Monaco - par ailleurs étanche - est habillée d’un grand boitier carré
englobant un cadran bleu, blanc, et rouge.
Edition 1969. Source : en.chronos24.pl |
Popularisée
par Steve McQueen, qui la porte dans son film Le Mans (1971), la Monaco s’est imposée comme montre emblématique
du sport automobile. Elle fut ainsi rééditée par Tag Heuer en différentes
versions en 1998 et 2002, puis en 2009, pour son quarantième anniversaire.
Edition 2009. Source : Tag Heuer |
Cette nécessaire présentation faite, j’en viens à mon
sujet : Que penser de la (Tag) Heuer Monaco ?
Les
connaisseurs l’auront remarqué, je réduis la Monaco à un modèle – ce qu’elle
était à l’origine – alors qu’elle est aujourd’hui une collection. Mais de la
même manière qu’il n’est de Porsche que de Porsche 911, il n’est - selon moi - de
Monaco que du modèle « McQueen » ; celui, donc, des photos que
j’ai choisies.
Voyons
ces mêmes photos. La Monaco, à première vue, est surprenante. Certains diront
« bizarre ». Une chose est sûre, elle ne ressemble à aucune autre
montre. Pourtant, la Monaco est - je le crois - cohérente. De par son cadran
chargé de repères et complications aux formes géométriques,
elle paraît ce qu’elle est : un instrument de bord. De par ses couleurs
vives et contrastées, elle s’inscrit parfaitement dans l’imagerie de la course
automobile, avec ses voitures aux teintes franches et ses marques emblématiques
(voyez le célèbre cliché de Steve McQueen fermant sa combinaison). J’aime d’ailleurs
beaucoup ce bleu métallique, apaisant, comme pour refroidir les chaudes aiguilles
caracolant au rythme des tours. Tout comme j’aime le bleu pétrole du bracelet,
qui donnerait presque à la Monaco l’enivrante odeur de l’essence.
La
Monaco réussit l’exploit de réunir des formes et couleurs très originales en un
ensemble qui, finalement, est harmonieux. Mais on ne saurait juger une montre
qu’au poignet. Et une fois la boucle fermée, la Monaco déçoit. Large, et
surtout très épaisse, elle ne saurait être portée par tout le monde.
Contraintes techniques ou parti-pris du fabricant ? Quoi qu’en soit
la raison, même aux poignets les plus forts, la Monaco est imposante. Trop pour un habillage déjà atypique. J’aime la provocation,
l’audace. Mais l’élégance, c’est aussi la discrétion.
Pour
conclure, une anecdote. J’étais il y a quelques semaines au rassemblement
mensuel qu’organise le club Vincennes en
Anciennes sur l’esplanade du Château – auquel je vous conseille vivement
de faire un tour. Arrive alors une superbe Jaguar Type E. À son volant, un
élégant, portant une Reverso sous un gant en
pécari.
Jaeger-LeCoultre Reverso. Source : www.horloger-paris.com |
Ce n’est certes pas un chronographe, et encore moins un
modèle fabriqué pour le sport automobile. Bref, une montre d’une toute autre
famille. Il n’empêche que l’image eût été moins belle si cet homme avait porté
une Monaco…
Mais, je le concède, le choix n’est pas qu’affaire de goût.
Car si comme la Monaco, la Reverso est rectangle, son prix, lui, est plus…
rond !
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