La couleur n’a pas la cote. Un regard par la fenêtre le
suggère, les statistiques le confirment. Selon Dupont, leader mondial de la
peinture automobile, le gris, le noir et le blanc habillent 82% des véhicules
vendus sur notre territoire. Que de joie, donc, dans le paysage automobile
français. Choisi par seulement 6% des acheteurs, le rouge, dans ce grand
ciel pluvieux, fait tache. Tentons, contre vents et marées, de lui redonner un
peu d’éclat.
Le rouge, c’est d’abord Ferrari. L’association nous vient du
sport automobile. Jusqu’en 1968, date à laquelle la FIA autorisa les équipes à
recourir au sponsoring extra-sportif, les voitures alignées en compétition
devaient arborer leur couleur nationale : françaises en bleu, anglaises en
vert, allemandes en argent, et italiennes en rouge. Si la plupart des écuries ont, par la suite, délaissé leur drapeau, la Scuderia Ferrari ne laissa jamais un sponsor
imposer sa teinte. Tant que flotteraient les drapeaux à damiers, sa couleur serait le rouge, et le rouge sa couleur.
Les modèles de série, proposés à partir de 1947, ne pouvaient alors que porter
la même robe.
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Ferrari 250 GT LWB Berlinetta (1956). Source : coolerthanbefore.tumblr.com |
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Ferrari 308 GTS (1979). Source : www.turbo.fr |
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Ferrari California T (2014). Source : driving.ca |
Sur les épaules de tels modèles, le rouge s’imposait comme
couleur de la performance et du luxe. On le retrouva ainsi porté par
d’autres marques prestigieuses, avec autant d’élégance.
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Mercedes 300 SL Gullwing (1955). Source : www.sportscardigest.com |
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Jaguar Type E série 1 (1965). Source : www.flashbackautomotivo.com |
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Aston Martin DBS (2008). Source : www.netcarshow.com |
D’aucuns diront que le rouge fait « frime ». Dans
le cas des exemples choisis ci-dessus, je crois
que c’est un mauvais jugement. Le rouge n’est pas discret, c’est vrai. Mais ces
modèles le sont-ils ? Ne remarque-t-on pas leurs courbes et leur bruit avant
leur teinte ? S’il n’est pas indispensable, le rouge, justifié par la
filiation sportive de ces modèles d’exception, est ici plus que bienvenu. Il est comme l’uniforme venant vêtir un certain grade.
En revanche, et pour ces mêmes raisons, il sera très malvenu sur ce que l'on pourrait appeler les "fausses sportives". Je pense entre autres à la Nissan 200SX. Ici, le rouge ne vient pas signer une ligne ou des performances d'exception, mais les feindre.
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Nissan 200SX S14 (1994-1997). Source : www.caradisiac.com |
Rouge, couleur réservée à l’élite, donc ? Il faudrait
nécessairement s’appeler Ferrari, Jaguar ou Mercedes pour que soit déroulé… le
tapis rouge ? Rassurons-nous, il existe, je crois, une seconde manière de (bien)
le porter. Voyez les clichés suivants :
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Peugeot 504 Coupé (1975). Source : pasztorclassic.hu |
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Citroën 2CV 6 Club |
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Mini Cooper S (1991). Source : www.seriouswheels.com |
Nous sommes ici bien loin des performances et du luxe cités plus
haut. Pourtant, qui oserait assurer que cette couleur « ne leur va
pas » ? A regarder ces modèles, me vient un qualificatif simplet,
mais je crois éloquent : ces voitures sont mignonnes. Ici, le rouge est porté sans prétention, non comme uniforme,
mais comme vêtement fantaisiste, un peu bohème. Un rouge enthousiaste, teinté
de désinvolture, le même que celui que l’on retrouve parfois aux pieds des
hommes libres et élégants.
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Source : aparisiancyclist.blogspot.com |
C’est avec cette touche de fantaisie que nous pouvons, je
crois, faire rougir notre paysage automobile.
Les publicitaires - qui, vous l’avez remarqué, ne portent que du noir -, ont
ces dernières années initié le mouvement, en propulsant Fiat 500 et autres DS3 sur
la piste rouge. Plus récemment, Renault choisissait le rouge pour promouvoir sa
nouvelle Clio.
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Renault Clio 4 |
Je ne sais pas si, comme dirait
l’économiste, l’offre a créé sa propre demande, mais j’ai l’impression de voir
plus de rouge, ces jours-ci. Publicitaires de tous pays, unissez-vous !
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