Il y a quelques semaines, pour égayer une longue journée
pluvieuse, j’ai regardé Cloclo, de Florent Emilio Siri, qui m’a plusieurs fois été conseillé depuis sa sortie en 2012.
Le film - que j’ai par ailleurs trouvé très réussi - réjouira les amateurs de
belles autos, intelligemment choisies et mises en valeur.
Je vous propose donc aujourd’hui de faire un simple - mais
j’espère instructif - inventaire des nombreux modèles mis à l’écran, en
essayant toutefois de replacer leur apparition dans leur contexte.
Le film s’ouvre en Egypte, où naquit et grandit Claude
François dans les années 40. On y découvre son père, Aimé François, au volant
d’une Auburn 852 Speedster, signant le statut social d’un chef du trafic du
Canal de Suez :
Auburn 852 Speedster (1936) |
Expulsée d’Egypte en 1956, la famille François s’installe à Monaco. L’occasion de jolis plans ensoleillés :
Renault 4CV (1955) et Citroën Traction Avant 11B (1953) |
Ford Thunderbird (1957) |
Jaguar XK 140 (1955) et Porsche 718 RSK Spyder (1957) |
Fasciné par celle qu’on appelait encore « l’Amérique » et par ses crooners, le jeune Claude, alors percussionniste, s’achète comme première voiture la colossale Chrysler Windsor :
Chrysler Windsor (1946) |
En 1961, Claude François, alors âgé de 22 ans, déménage à Paris dans l’espoir de lancer sa carrière de chanteur. Comme très souvent dans le film, la scène est introduite par un plan sur une voiture s’arrêtant. C’est ici une Peugeot 404, arrivant aux pieds de la Tour Eiffel, qui ouvre cette première scène parisienne :
Peugeot 404 (1960) |
Sur ce plan qui évoque le Nighthawks d'Edward Hopper, une Opel Kapitan, garée derrière une Peugeot 404 :
Peugeot 404 (1960) et Opel Kapitan (1960) |
Un an plus tard, le succès de Belles ! Belles ! Belles ! lance définitivement la carrière de Claude François. Ne cachant pas son goût pour les voitures de luxe, il commence par s’offrir cette superbe Ferrari 250 GTE :
Ferrari 250 GTE (1960) - Avant |
Ferrari 250 GTE (1960) - Arrière |
Au passage, la tenue de "Claude" - puisque c’est ainsi qu’il faut l’appeler - m’amuse. Excessivement soignée et spécifiquement étudiée, je la trouverais presque insolente. Je reviendrai dans un prochain billet sur « le style automobile ».
Sur le plan suivant, l’interminable Mercedes-Benz 600, offerte
par Claude à sa mère :
Mercedes-Benz 600 (1963) |
En ouverture de la scène suivante, cette Mercury Cougar, également acquise par Claude François :
Mercury Cougar (1967) |
Quelques secondes plus tard, sur le parking : une Ghia 1500 GT rouge, deux Peugeot 404 et un Renault Goélette :
Ghia 1500 GT (1962), Peugeot 404 et Renault Goélette |
Plus tard, encore en ouverture de scène, on retrouve Claude François descendant d’une Opel Kapitan - garée ici à côté d’une Volvo 121- et, un peu plus loin, d’une Ford Thunderbird :
Volvo 121 (1965) et Opel Kapitan (1960) |
Ford Thunderbird (1966) |
Les tournées s’enchaînent, les femmes se succèdent, et la collection de voitures de Claude s'agrandit . Nous sommes en 1967, et nous le retrouvons ici au volant d’une Ford Mustang, poursuivant sa future compagne Isabelle Forêt, au volant d’une Fiat 500 F :
Ford Mustang (1967) |
Fiat 500 F (1965) |
Au passage, cette séquence témoigne de la grande qualité des décors du film ; sur ce long plan « caméra embarquée » qui s’étend sur trois rues, le paysage automobile, bien qu’au second plan, est reconstitué avec le plus grand soin.
A l’approche des années 70, les voitures de Claude,
tout comme ses costumes, commencent à prendre des couleurs. Le voici ici au
volant d’une Maserati Ghibli :
Maserati Ghibli (1967) |
Quelques scènes plus tard, le chanteur est victime - acteur ? - d’un malaise sur scène. Il est emmené à l’hôpital par la célèbre DS 19 ambulance :
Citroën DS 19 Ambulance (1968) |
Nous voici en 1972. Le style de Claude François a bien changé, mais son goût pour les voitures américaines est intact. Dans une succession de plans tournés sur le Boulevard Exelmans - dont la restitution m’impressionne -, nous le retrouvons à bord de cette Oldsmobile Cutlass Supreme :
Oldsmobile Cutlass Supreme (1972) |
Un peu plus loin - et toujours en ouverture de scène - descendant de sa Cadillac Seville :
Cadillac Seville (1976) et Citroën DS 21 (1972) |
Honda N600 (1967) et Cadillac Seville (1976) |
Tiens, n’est-ce pas une Mini Cooper actuelle que j’aperçois là-bas, garée dans le virage ? Si tel est le cas, on pardonnera bien sûr le responsable de cette insignifiante erreur.
C’est en revanche une authentique Mini d’époque - une
Countryman MKII - qui est à l'écran quelques
scènes plus tard :
Citroën DS 19 (1959) et Austin Mini Countryman MKII (1968) |
La scène de la perquisition - dont fut victime l'artiste-producteur en 1973 pour des soupçons de fraude fiscale - s’ouvre sur l’arrivée des huissiers dans une Renault 16. Juste devant, le Renault Estafette 800 du serrurier :
Renault 16 (1971) et Renault Estafette 800 (1973) |
Sur ce plan furtif, Claude descend d’une Lincoln Continental Mark IV :
Lincoln Continental Mark IV (1975) |
Un peu plus loin, c’est à bord d’une anglaise qu’il monte ; une Daimler Sovereign Coupé :
Daimler Sovereign Coupé (1975) |
Le 25 Juin 1977, au volant d’une Mercedes 450 SEL 6.9, Claude François fut pris en chasse – avant d’être pris pour cible - par une autre voiture pour une histoire de queue de poisson. Les malfaiteurs sont ici représentés à bord d’une Citroën CX :
Citroën CX (1974) et Mercedes 450 SEL 6.9 (1975) |
Sur ce plan, une Mercedes-Benz SLC :
Mercedes-Benz SLC (1973) |
Sur celui-ci, deux Citroën, une GS et une SM :
Citroën GS (1971) et Citroën SM (1971) |
Le 10 Mars 1978, Claude François s’éteint. Le film s’achève sur les images – réelles – de son enterrement. En son hommage, c’est un cortège de voitures américaines qui l’accompagne jusqu’au cimetière de Dannemois :
Cadillac Coupé DeVille (1965) |
À mon tour de conclure. Après deux visionnages du film, je n’irai pas jusqu’à dire que l’automobile y occupe une place centrale – c’est bien de « Cloclo » qu’il s’agit –, mais elle y occupe une place de choix. Rarement évoquée, c’est pourtant elle qui ouvre une majorité des scènes, reliant ainsi les nombreux lieux où l’action s’établit. Elle contribue aussi à l’immersion presque palpable dans « les années Claude François », qui fait la force de ce film. Enfin, elle offre aux yeux des connaisseurs matière à contemplation ; il semble que pour Cloclo, les voitures aussi se devaient d’être « belles, belles, belles ».
Crédits photos : www.kievrus.com.
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