lundi 27 octobre 2014

De l'esthétique de la Porsche Targa

Pour diverses raisons, je ne suis pas le plus grand admirateur de l’Automobile allemande. Je suis d’ailleurs agacé lorsque j’entends l’argument d’autorité « C’est une Allemande », qui à lui seul justifierait une fiabilité inégalée et inégalable. Claudia Schiffer vous le dira : l’affirmation fait mouche. Pour autant, je dois bien reconnaître que mon jugement a des teintes bleu-blanc-rouge, et que derrière la phrase idiote, se cache une idée qui l’est bien moins.

Émissions et magazines spécialisés démontreront mieux que moi la fiabilité de l’Automobile germanique. Mais puisque je traite ici d’esthétique, se pose la question : le « C’est une Allemande » est-il également gage de beauté ?

Le sujet est vaste et ne saurait se réduire à un unique billet ; ce sont les automobiles allemandes qui font l’Automobile allemande, et non l’inverse. Pour aujourd’hui donc, je m’en tiendrai à un modèle : La Porsche Targa.

L’appellation « Targa » - référence à la Targa Florio, course automobile sicilienne - désigne une déclinaison de la Porsche 911, caractérisée à sa sortie -  en 1966 -  par un toit partiellement découvrable, supporté par un arceau de sécurité fixe et, à partir de 1968, une originale « bulle » de verre englobant la partie arrière de l’habitacle.

Porsche Targa - Edition 901
Édition 901 (1966-1973)
Porsche Targa - Edition 930
Édition 930 (1978-1983)
Porsche Targa - Edition 964
Édition 964 (1989-1993)
J’aime beaucoup la Targa. Il y a, je crois, à l’origine de toute passion, une expérience esthétique, une rencontre, inscrite dans le temps et l’espace. Je me souviens d’un soir d’hiver, où rentrant chez moi sous un grand parapluie, j’avais rencontré une ancienne Targa bleu nuit, arrêtée le long de la rue ruisselante, phares jaunes et moteur allumés. Déjà sous le charme, je m’étais imaginé dans le baquet en cuir, protégé des gouttes s’abattant lourdement sur le toit amovible, bercé par le ronronnement chaud du Flat-6 et le léger va-et-vient des essuie-glaces. « Un jour, je l’aurai ».

Vouloir un modèle découvrable pour rouler sous la pluie a quelque chose d’étrange, me direz-vous. Surtout avec les problèmes d’étanchéité qu’on lui connaît. Mais aurais-je eu le même coup de cœur devant n’importe quelle - si j’ose dire -  911 ? Nombreux sont d’ailleurs les « Porschistes » qui reprochent à la Targa une ligne disgracieuse, moins féline que la carrosserie d’une Carrera. Ce n’est pas tout à fait faux. Pourtant, la Targa a quelque chose de sympathique, avec ce toit qu’on enlève à la main. Quelque chose de provocateur, avec cet arceau venant casser sa ligne. Quelque chose de fantaisiste, avec sa bulle de verre. La Targa dit quelque chose des vacances. Une fois découverte, elle sent le printemps et les routes du Perche qui mènent au Mans. 

J’apprécie donc beaucoup moins les éditions 993, 996 et 997. Adoptant le toit en verre rétractable, jugé plus harmonieux et ayant l’avantage de s’ouvrir à grande vitesse, la Targa perdit ses attributs originels, et avec, tout son caractère…

Porsche Targa - Edition 993
Édition 993 (1995-1998)
Porsche Targa - Edition 996
Édition 996 (2001-2005)
Porsche Targa - Edition 997
Édition 997 (2006-2012)
Félines, ces trois versions le sont davantage que leurs aînées, c’est vrai. Mais le félin est bien sage, je trouve, presque grave. Remarquez d’ailleurs l’évolution du « visage » de la Targa : à chaque édition s’efface un peu plus le sourire de son enfance.

Pardonnons les designers de Stuttgart, qui, conscients de leur péché, ont consacré cette année le retour de l’Arceau Prodigue sur la version 991, permis par un ingénieux système de rétractation du toit. Il faut bien le reconnaître, l’exercice « rétro » qu’ils se sont imposés est parfaitement réussi. Près de cinquante ans après, la Targa a certes « pris du poids », mais l’esprit est bien là.

Porsche Targa - Edition 991
Édition 991 (2014-...)

Concluons en image, avec cette photo réunissant les sept générations de la famille Targa.

Porsche Targa - Evolution 1966-2014
Photo de famille

Comme quoi, les extrêmes ont parfois du bon. À jeudi !            

Crédits photos : PORSCHE

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ajouter un commentaire