Voilà l’automne. J’aime cette saison silencieuse et rousse, parfumée et douce. Dans les campagnes, la nature
fatiguée s’endort. La lumière dorée, qu’exhale un soleil froid et faible,
invite alors au souvenir. Le passé, pour un temps, passe devant. Beauté d’une
saison où seules fleurissent les tombes de nos cimetières.
Si j’évoque cette jolie saison, c’est en réalité pour parler
chiffons. L’automne et ses nuances nous invitent à l’élégance. Nombreux sont
les thèmes – sports, loisirs… – qui pourront influencer nos tenues ces
prochains mois. Et si, cette saison, l’automobile pénétrait notre vestiaire ?
Pour donner à notre tenue un parfum d’essence et de cuir de
sellerie, les moyens sont multiples. Les clichés suivants, que j’ai collectés
ces derniers mois, offriront je l’espère une bonne source
d’inspiration :
Colin Chapman (à gauche - 1967) |
Steve McQueen, Le Mans (1971) |
Steve McQueen, encore... |
Ralph Lauren et sa Jaguar XKSS |
Guy Marchand et sa Peugeot 504 Cabriolet |
Qu’ont en commun les tenues de ces pilotes ou
passionnés ? En quoi l’automobile les a modelées ?
Ces mises, si différentes soient-elles, obéissent tout d’abord à l’impératif de confort. Il ne s’agit pas au volant
d’être gêné par ses vêtements. Voyez d’ailleurs comme sur ces clichés, nos gentlemen drivers semblent bien dans
les leurs. L’impression nous vient autant des matières (laine, daim…) que des
coupes, plutôt amples. Souvenons-nous à ce titre des pantalons que portaient
les pilotes automobiles dans les années 50 :
Wolfgang von Trips (1958) |
Adopter un style d’inspiration automobile suggère aussi de recourir à des pièces caractéristiques, comme le blouson. Là encore, c’est l’exigence de confort qui justifie son
usage, se révélant le seul pardessus adapté à la position de conduite, lui qui,
contrairement au manteau, ne couvre pas le fessier et reste plus solide et
docile qu’une veste. Le col roulé, vous
l’avez remarqué, est également un dénominateur commun des tenues que j’ai sélectionnées.
La raison
nous vient de la combinaison du pilote, en dessous de laquelle figurait
un vêtement ignifugé à col roulé, protégeant le cou en cas d’incendie :
Le très poseur Jacky Ickx (1983) |
Cette dernière photo me permet d’embrayer sur un autre trait de ce
style d’inspiration automobile : l’usage localisé de couleurs vives et de motifs.
Tenons pour responsables ces mêmes combinaisons, qui en plus d’arborer les
couleurs de leur écurie, sont de véritables panneaux publicitaires :
Helmut Marko et Niki Lauda (1971 ou 1972) |
Autre point commun : le recours fréquent aux accessoires : la montre, ou plutôt
le chronographe, nécessaire instrument de bord ; les gants de conduite, en
cuir fin – pour l’agilité – et perforé – pour respirer ; les lunettes de
soleil, larges et sombres, héritières des lunettes de conduite ; la
casquette, qui maintient la chevelure et protège du soleil l’aficionado des cabriolets.
Les chaussures
ne sont pas ou peu visibles sur les clichés choisis. Historiquement, la
chaussure du pilote est légèrement montante – pour maintenir la cheville – et sa semelle
relativement plate – pour épouser la forme des pédales. On peut donc soupçonner
nos sujets d’avoir aux pieds des bottines à talon bas, comme celles que porte Wolfgang von Trips avec son large pantalon.
Matières épaisses, blouson, col roulé,
accessoires… Ce style automobile,
héritier de la tenue du pilote, n’aime décidément pas la peau. L’adopter, c’est
se couvrir. Voilà qui tombe bien : c’est l’automne.
Steve McQueen, toujours... |