Il y a quelques jours, je conduisais sur les routes sinueuses
de Haute-Normandie quand mon œil s’est arrêté
sur une BMW Z3, garée dans un petit village :
BMW Z3 (1995) |
Je ne croise pas souvent cette voiture. Je me souviens que durant
ses années de production, entre 1995 et 2003, je n’en avais pas une très bonne
opinion. Ce roadster – cabriolet sportif à deux places – était alors pour moi la
voiture du jeune financier célibataire qui, derrière ses lunettes noires,
n’espérait pas tant voir que d’être vu. La stratégie publicitaire de BMW allait
d’ailleurs dans ce sens ; voiture de James Bond dans Goldeneye, la Z3 ne s’adressait pas à n’importe qui.
Le temps a passé. Vingt ans plus tard, la Z3 n’est plus
récente, plus flamboyante, plus rutilante. Le « road-monster » s’est
fait voler son masque de monstre, son allure féline et ses performances par sa
descendance :
BMW Z4 (2009) |
Un peu comme ces anciennes gloires qui fuient les
projecteurs qu’autrefois elles chérissaient, la Z3 a cédé sa place. À
côté de sa fille, la petite sportive, avec ses phares horizontaux et son
arrière joufflu, est maintenant ce qu’elle n’était pas à l’époque : amicale,
charmante. Le flambeur, logiquement, l’a revendue ; et c’est aujourd’hui
dans un village de pêcheurs cauchois que je la retrouve. Appréciée par un moins
grand nombre, mais sûrement appréciée davantage.
BMW Z3 (1995) |
Nous sommes des êtres vivants. Avec le temps, nos caractères
changent, nos traits aussi. Nous évoluons, nous vieillissons. Les voitures,
comme d’autres objets, sont épargnées de ces mutations ; ni leurs courbes
ni leurs performances ne sont fatalement affectées par les années. Et pourtant,
sans changer, elles changent.